Lot 265
MATHURIN MEHEUT ET GEO-FOURRIER, LA RENCONTRE"Votre monogramme aussi est trop grand"L.A.S., Paris, 25 rue d’Alleray,...





MATHURIN MEHEUT & GEO-FOURRIER, LA RENCONTRE
"Votre monogramme aussi est trop grand"
L.A.S., Paris, 25 rue d’Alleray, s.d. [vers 1924-1925], écrite par Mathurin Méheut, peintre et illustrateur, adressée à Georges Fourrier dit Géo-Fourrier, peintre et illustrateur, 2 pages in-4, sous cadre. Rarissime lettre manuscrite qui évoque la rencontre entre deux célèbres artistes ayant une passion commune pour la Bretagne, Mathurin Méheut (Lamballe 1882-1958) et Géo-Fourrier (1898-1966). Méheut, l’artiste confirmé en pleine ascension, prodigue ses conseils au jeune artiste en herbe Géo-Fourrier, au sujet de son projet d’édition d’art « Les Bigoudens », en collaboration avec l’écrivain breton Charles Le Goffic. Le projet initial de « Les Bigoudens » envisageait un livre d'artiste associant les illustrations de Géo-Fourrier à un texte poétique de Charles Le Goffic. Le titre s’inspire d’un poème intitulé du même nom Les Bigoudens, écrit par Charles Le Goffic (1863-1932) écrivain breton de renom, membre de l'Académie française, et publié dans son recueil Poésies complètes chez Plon en 1922. L'éditeur pressenti pour ce projet était Octave-Louis Aubert, établi à Saint-Brieuc. Pour ce livre, Géo-Fourrier produit vers 1924-1925 une série de 13 gouaches. Mais ce projet ne se réalise pas. Seules sont conservées à ce jour les gouaches originales au Musée départemental breton de Quimper. La maison d’édition Asia dirigée par André Soubigou, publie en 2008 un tirage de ce projet avorté sous le même titre « Les Bigoudens », à partir des planches de la suite photographique de 1926 conservée, et des 12 gouaches originales et du dessin de couverture. A la lecture de cette lettre, Méheut y dévoile également son projet de vouloir publier un ouvrage intitulé « Bigoudens », dont on retrouve des maquettes dans la revue mensuelle Art et décoration, tome XXXIV, juillet-décembre 1913. « Cher Monsieur ma bronchite ayant augmenté je n’ai pu répondre plus vite à votre petit envoi ni à ce que vous me demandiez. La voici très franchement et à mon humble avis. Votre dessin m’a donné l’impression plutôt d’une affiche que d’un dessin destiné à un livre ; affiche réduite entendue mais qui conviendrait mieux à un album qu’à un livre proprement dit. Les réactions sont parfois dangereuses ! et puis l’influence du fameux Nicholson est encore un peu évidente. Vous vous en débarrasserez facilement je crois avec le parti libre et franc que vous adoptez. Personnellement j’aurais vu connaissant maintenant votre genre et votre facture plutôt vu un recueil de 20 ou 30 planches avec en-dessous un texte léger accompagnant vos planches. Mais tout cela est affaire de chacun. J’espère bien que vous ne vous laisserez pas ébranler par ces quelques réflexions (…) Du reste le travail étant en partie terminé j’ai la certitude de ne pas modifier ni vos plans, ni votre facture. Je vous demanderai toutefois et s’il n’est pas trop tard de conserver la priorité du titre de mon bouquin annoncé « Bigoudens ». Lors de votre venue je n’avais vu aucun inconvénient à ce que vous preniez ce titre tel n’a pas été l’avis du littérateur qui dut l’écrire et qui y tient absolument. J’espère que cela ne souffre aucun ennui pour vous et envers votre engagement Kieffer. Sinon dites le moi je passerai outre l’avis de mon camarade (…) Votre monogramme aussi est trop grand d’échelle et contribue à cet aspect affiche dont je vous entretenais. » Fraichement installé en 1924 dans sa nouvelle maison et atelier construit au n°25 rue d’Alleray dans le 15e arrondissement de Paris, Mathurin Méheut bénéficie d’une renommée grandissante dans le milieu artistique parisien, reconnu comme le plus populaire des peintres bretons, et ce notamment grâce aux deux expositions triomphales qui se sont tenues au pavillon Marsan au musée des arts décoratifs en 1913 et 1921. Nommé peintre officiel de la marine en 1921, il mène de front simultanément au milieu des années 1920 plusieurs projets artistiques : décors de paquebots, illustrations de livres et collaboration avec les faïenceries de Jules Henriot. A cette même époque, le jeune Géo-Fourrier sort tout juste de l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, et devient membre titulaire de la Société des artistes français en 1924. C'est au cours des vacances qu'il découvre la Bretagne et est conquis par Pont-Aven. A Trégastel, il entend parler de Quimper pour la première fois par Yvonne Le Bail et Charles Le Goffic. Sa découverte de la Bretagne fut un véritable coup de foudre, conquis par la singularité de la région. C'est vers 1928 qu'il s'installe durablement à Quimper, la Cornouaille devenant sa terre d'élection, son "foyer bien-aimé". Géo-Fourrier fut « qualifié d'arpenteur de la Bretagne » et d'artiste-témoin du pays Bigouden, témoignant de son immersion profonde dans la culture et les paysages de sa région d'adoption. Joint : « La Bretagne bleue » par Mathurin Méheut. Série de huit cartes postales semi-modernes avec sa pochette d'origine, éditées par les Editions d'Art Georges Géo-Fourrier.
Adjugé : 700 €


