Lot 255
Paul LE GOFF (Saint-Brieuc, 1883 - Boezinge, 1915)"La forme se dégageant de la matière", 1913....







Paul LE GOFF (Saint-Brieuc, 1883 - Boezinge, 1915)
"La forme se dégageant de la matière", 1913.
Plâtre patiné signé.
Hauteur : 40 cm. Largeur : 30 cm. Profondeur : 25,5 cm. (Manque et petits accidents, fêles).
Provenance : atelier de l'artiste; par descendance.
Cette oeuvre est la dernière, achevée, de Paul Le Goff. Primée au concours Chevanard, elle est présentée à la fin du mois d'avril 1914 au Salon. L'Etat, qui en fait l'acquisition, projette de l'installer au Jardin du Luxembourg. Elle se dressera finalement dans le Parc des Promenades, à Saint-Brieuc. Trois plâtres d'ateliers nous sont connus : un dans les réserves du Musée de Saint-Brieuc, un resté dans la famille de l'artiste, et le nôtre qui a la particularité de présenter des traces de crayon de la main de Paul Le Goff.
"Je suis le plus heureux des hommes, me voilà hors concours et dans quelques jours j'épouse à Lannion une charmante épouse que j'adore"
Voici les lignes que trace Paul Le Goff en juillet 1914. Il a 31 ans, sa sculpture monumentale "La forme se dégageant de la matière" a reçu les honneurs du Salon deux mois plus tôt. Fils du sculpteur briochin Elie Le Goff, élève de son père et de Jules Coutan, il est encensé par la critique. Rodin, Michel-Ange mais avec "plus de rêve, plus d'âme". Le Monde entier vient trouver l'inspiration sur ses terres bretonnes. Voici un enfant du Pays qui s'apprête à rivaliser avec le Monde. Homme comblé, il épousera la jolie Jeanne le 4 août. Mais la Guerre fauchera bien vite le destin du jeune homme.
"Je ne suis plus un artiste mais un soldat"
Sur le front, Paul rédige son testament. Il a été mobilisé la veille de son mariage. Il n'épousera jamais Jeanne. Le 22 avril, un an jour pour jour après avoir été couronné de lauriers au Salon, c'est une balle prussienne qui orne son corps d'une auréole de sang. C'est son père Elie qui terminera sa dernière oeuvre, "Les Funérailles", afin qu'elle orne la tombe, non seulement de Paul, mais aussi de ses deux autres frères tombés pour la France. Vingt ans plus tard c'est le président Lebrun qui inaugure le monument à la mémoire de Paul Le Goff, en présence de son pauvre vieux père. Situé à deux pas de "La forme se dégageant de la matière", il nous invite à nous souvenir de cette épouvantable tragédie, mais également à considérer l'oeuvre géniale de cet immense artiste breton.
Estimation : 1 000 € à 1 500 €


